Inspire Middle East : Expatriés et touristes prennent part à la tradition du ramadan



Cette semaine, Inspire Middle East vous invite à rompre le jeûne du ramadan au Centre d'échange culturel Sheikh Mohammed à Dubaï. Un endroit où les Émiratis partagent le repas de l'iftar avec des expatriés, heureux de pouvoir en apprendre davantage sur les rituels de ce mois saint. Il y a plus de 20 ans, ce lieu d'échange culturel avait été créé à l'origine pour tenter de rapprocher la communauté locale des 200 communautés expatriées, qui vivent et travaillent aux Émirats arabes unis. L'ouverture d'esprit des Émiratis surprend souvent les visiteurs expatriés et les touristes qui viennent chaque année par milliers des quatre coins du monde. Le principe des sessions interactives au centre Sheikh Mohammed est l'occasion parfaite pour épancher sa curiosité... " Je voudrais leur demander de quelle manière ils font perdurer leurs valeurs et leurs cultures alors que Dubaï est une ville si moderne, avec de nombreuses influences internationales, donc je pense que ce ne doit pas être si simple de préserver sa culture locale ", explique Maria Bartoszewicz, une touriste norvégienne. Pendant le ramadan, les visiteurs sont invités à explorer la mosquée et au coucher du soleil, un repas d'iftar les attend... pour rompre symboliquement le jeûne tous ensemble et découvrir les plats nationaux de riz, de poisson et de viande, appelés des 'machboos'... avec en dessert, le fameux gâteau du désert, le 'Ligamat', servi avec du sirop de datte. Entretien avec le directeur du centre Rashid Al Tamini Rebecca : Vous recevez quotidiennement de nombreuses questions de la part des expatriés très curieux. Alors quels sont souvent les a priori sur le Ramadan, l'Islam et les Émiratis ? Beaucoup de gens ont des idées préconçues sur l'Islam et le Ramadan. Mais on ne parle pas que de religion, on leur donne les bases mais on les amène aussi à la mosquée. Nous sommes le seul centre à le faire et je suis très fier d'avoir ouvert, il y a 20 ans, la première mosquée accessible à des non-musulmans. De la même manière que nous visitons les églises quand nous voyageons en Europe, nous avons aussi le droit de montrer aux autres notre religion, la manière dont nous la pratiquons, montrer l'appel à la prière cinq fois par jour. Et quels sont les sujets les plus délicats à aborder ? Est-ce que vous pensez que les gens s'autocensurent par crainte d'être irrespectueux ? Non et nous sommes ici pour répondre aux questions de chaque visiteur, d'où qu'il vienne. Quelle est la question la plus surprenante que vous ayez eue ? Il y en a tellement... Pourquoi vous avez 4 femmes ? Pourquoi les femmes peuvent conduire ici mais pas en Arabie Saoudite ? Pourquoi vous portez du noir et blanc ? Et alors pourquoi vous portez du blanc ? C'est le tissu qu'on avait à notre disposition. Mais avant, on ne portait pas du blanc, on accordait nos habits à la couleur des dunes de sable où nous vivions. Une sorte de camouflage contre nos ennemis. Il y avait des guerres tribales à l'époque et c'était un moyen de survivre. Pour le ramadan, des plats bédouins traditionnels sont cuisinés ici. Quel est le plat qui a une signification particulière pour vous ? Comme beaucoup d'entre nous, j'adore les 'harees', je me souviens que j'observais ma grand-mère les préparer, au veau, au poulet ou autre. Elle battait la préparation, rajoutait du blé et de l'huile, elle faisait ça tôt le matin pendant une heure. Jusqu'à obtenir une sorte de porridge. C'est un de nos plats préférés aux Émirats. Ces derniers temps, vous partagez vos connaissances à chaque rencontre. Mais vous, qu'est-ce que vous avez appris personnellement ? J'ai appris qu'en se mélangeant aux autres nationalités et en leur apportant les bonnes informations, juste en discutant, on peut vraiment changer leur manière de voir le Moyen-Orient, notre religion ou nos traditions. Non seulement nous cassons des murs mais nous bâtissons vraiment des ponts entre les cultures. Je ne pouvais pas rêver mieux pour ce centre et pour mon pays. Un ramadan solidaire : des "frigos partagés" au Croissant rouge Durant le ramadan, les initiatives solidaires se multiplient aussi bien localement qu'à plus grande échelle. Il suffit parfois de peu de choses pour rassembler une communauté... un réfrigérateur commun par exemple. Cela fait justement partie du projet des "frigos partagés du Ramadan" à Dubaï, des réfrigérateurs remplis durant un mois par les membres de la communauté ou encore des entreprises locales. Une idée simple qui permet notamment aux ouvriers de rompre leur jeûne durant la journée s'ils n'arrivent pas à tenir à cause des fortes chaleurs de saison, ou alors de venir s'approvisionner après le coucher du soleil. " Pendant le ramadan, c'est agréable de donner en retour à la communauté. Là on est en train de mettre à disposition des yaourts, des jus, des bananes et des biscuits, que ce soit pour la journée, au cas où, ou pour l'iftar ", décrit Farah Caristensen, qui gère l'un des réfrigérateurs dans son quartier. Le projet des réfrigérateurs est né en 2014, à l'initiative d'une mère de famille marocaine et de son mari. Une manière de montrer l'exemple pour la jeune génération comme l'explique Fikra Yel : " Nous voulions transmettre à nos enfants les valeurs du don et du partage, en ayant une pensée pour les personnes moins fortunées que nous. Donc, on s'est dit : on va mettre le frigo qu'on a en plus à l'extérieur, avec des boissons fraiches pour les ouvriers. Je leur souris, je leur demande comment ils vont, comment se passe leur journée... Juste pour les connaître un peu ! " Ces deux dernières années, grâce aux réseaux sociaux, le concept s'est répandu dans d'autres communautés aux alentours... Plus de 180 réfrigérateurs ont envahi les rues des Émirats pour ce ramadan. La solidarité commence à l'échelle locale comme à Dubaï, mais la démarche n'existe pas que dans ces quartiers. A une échelle supérieure, c'est aussi ce que fait le Croissant Rouge depuis 30 ans aux Émirats arabes unis. L'engagement du Croissant rouge aux Émirats Dix milliers de colis de vêtements préparés l'année dernière et expédiés au Yémen, en Syrie, au Soudan ou encore en Mauritanie... L'association The Preservation of Grace, basée à Abou Dabi, compte 25 employés et dépend de l'organisation humanitaire du Croissant Rouge aux Émirats. Parmi les vêtements, principalement issus de dons des résidents locaux, on trouve de tout : du T-shirt jusqu'à la robe de mariée. Chaque pièce est lavée puis classée par genre et par taille, avant d'être emballée et envoyée. Au-delà des vêtements occidentaux et asiatiques classiques, les donateurs fournissent également des robes traditionnelles des Émirats, que l'on appelle " kanduras " et " abayas ". " Ce sont nos habits locaux, nos habits traditionnels donc quand les gens les portent, ils se disent tout de suite : ces vêtements viennent des Émirats. C'est un point positif pour nous ", souligne Sultan Al Shahi, le directeur de l'association. Une réalisatrice libanaise à l'honneur à Cannes L'actrice et réalisatrice libanaise Nadine Labaki a reçu le prix du jury à Cannes. Son film explore les bidonvilles de son pays à travers les yeux d'un enfant, avec un casting surprenant, composé d'acteurs non professionnels. Du 71ème Festival de Cannes, on retiendra sans aucun doute la standing ovation de 15 longues minutes pour Capharnaüm . L'une des performances qui a retenu le plus l'attention, c'est celle de Zain Al-Rafeea, 12 ans. Le succès du film promet peut-être une vie différente pour le jeune comédien, lui qui vivait dans les rues de Beyrouth, comme le reste des acteurs - principalement des enfants réfugiés. " C'est une victoire immense pour nous. Une victoire au sens littéral du terme. C'est incroyable de voir Zain ici, un petit garçon qui n'avait même pas de papiers il y a quelques jours, qui était...pratiquement invisible. Il était complètement exclu du système mais là, il est mis en valeur et il est tellement apprécié ", se réjouit Nadine Labaki. Le film est le troisième long-métrage de la réalisatrice libanaise. Sa victoire arrive à propos au festival, dans un contexte de grand débat sur l'égalité des sexes. Un mouvement auquel ont notamment participé des actrices comme Salma Hayek et Cate Blanchett. Un engagement que Nadine Labaki soutient elle aussi avec force, même si elle s'oppose à toute idée de discrimination positive : " Je serais très énervée si l'on me faisait venir juste parce que je suis une femme. Je suis très fière de pouvoir m'exprimer en tant que femme mais j'espère que je suis ici parce que ce film est bon ! Et non parce que je suis une femme. "
{...} qu'on interroge et qu'on remue jusqu'au fond les Archives de France, et, de quelque façon que la fouille soit faite, pourvu que ce soit de bonne foi, la même histoire incorruptible en sortira. Victor Hugo